jeudi 23 juillet 2009

Embryon de civilisation post-moderne - préface de M & Mme Hoolly Granted

Ils n'étaient que quelques uns, insignifiants à priori.
Quelques groupes d'individus reliés par le lien ténu de l'espoir.

Certains portaient la haine d'une vie dédiée à la soumission, asservie au désir de l'autre. D'autres étouffaient par la solitude, par la soif brulante du coeur. D'autres encore aspiraient simplement à éprouver le plaisir d'accorder la réalité à leur petit "être un rieur".

Mus chacun par des motivations différentes, parfois très éloignées, ils avaient un rêve commun qui transcendait leurs égos : atteindre ensemble la masse critique d'un avenir cohérent, permettre l'éclosion des quelques cellules nécessaires à l'émergence d'un embryon de civilisation.

Face à eux - les puissants et leur kyrielle de vassaux s'illusionant du privilège ridicule de "vivre librement dans une cage dorée" - les désabusés, les aigris, qui se forçant à mourir, voulaient ne pas mourir seuls - enfin et surtout, l'inertie du confort et des habitudes de la très grande masse d'un passé révolu. Un passé dont eux-mêmes, colons d'un genre nouveau, portaient chaque jour le poids au plus profond de leurs chairs.

Evidemment, le plus grand danger ne venait ni des puissants, ni des aigris.
Le puissant est libre de s'enfermer dans la croyance de posséder quoi que ce soit de pérenne dans un monde où l'éphémère est roi.
De la même façon la mort, dont l'aigri pour survivre se voit obligé de concevoir l'existence, ne les gênait nullement.

Non, le plus grand danger venait de ce qui, paradoxalement, conditionnait leur avenir, contribuant à leur force : une créativité démesurée. Une créativité qui semblait s'inscrire naturellement dans la furieuse et saine envie de vivre qui les habitait. Ainsi, face à l'ampleur du questionnement - à mettre en parallèle avec la multiplicité des domaines en crise et l'imminence des situations d'impasse - le principe constructeur déversait les réponses en torrent sans se soucier du faible nombre des récepteurs et de leur capacité à les mettre en oeuvre, risquant de transformer l'énergie positive de la création en flot chaotique et destructeur.

Malgré ou plutôt grâce à toute la sagesse dont nous avons héritée, il est difficilement concevable, aujourd'hui que tout cela est acquis, de nous imaginer la confusion qui pouvait régner alors, jusque dans les esprits de ceux qui furent nos parents. Il est même probable que la différence d'avec les tenants de l'ancien monde ne nous paraitrait pas évidente, si par extraordinaire, la rencontre avec l'un d'entre eux s'avérait possible.

Ainsi leurs vêtements et leurs langages se confondaient avec ceux des populations égocentrées, aujourd'hui disparues. Leur alimentation reposait à 99 % sur de la nourriture dont nous réserverions l'absorbtion aux cas de survie les plus désespérés.

Bien sur, la plupart d'entre nous intégrerait d'un coeur léger ce qui semblent de petits désagréments, face à la joie de participer à la construction du berceau de la civilisation de l'Orée. Mais il faut garder à l'esprit que les êtres d'alors, n'avaient que les bribes des ressources dont nous disposons aujourd'hui. La technique de base du lacher-prise, maitrisée à l'adolescence n'était contrôlée que par une part infime de la population adulte. En situation de crise, les émotions dominaient la plupart d'entre eux soumis par conséquence à la violence de leur feu intérieur. Tout cela, sans compter la vulnerabilité aux manipulations mentales de toutes sortes qui foisonnaient à l'époque.

La description de cette époque magnifique et terrible nous fait prendre conscience de ce que nous devons à nos lointains parents, à toutes les difficultés qu'ils ont du éprouver et à toutes les souffrances auxquelles ils ont du faire face sans savoir si nous serions encore présents aujourd'hui pour porter les valeurs qu'ils ont mis tant d'effort à extirper du chaos.

Aussi, nous espérons que dans ce passé lointain, quelques êtres étaient assez sensibles pour percevoir l'immensité de notre gratitude présente. Et ma femme et moi remercions l'auteur de cet ouvrage de nous avoir donné l'occasion de l'exprimer, lors de la rédaction de sa préface.

M. & Mme Holly Granted.

2 commentaires:

Milun a dit…

la patrice :
L’humanité a survécu à tous les bouleversements passés, et elle survivra à ce siècle. On peut imaginer à long terme une humanité maîtrisant son nombre et s’organisant pour que ce genre de difficulté ne soit pas résolu par des conflits. Mais l’homme est un animal caractérisé par une très forte agressivité, et il est peu dans sa nature de résoudre les problèmes de manière coopérative avant d’y être contraint. Que Dieu protège les martiens quand nous débarquerons chez eux !
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-trahison-des-patriciens-59809

Milun a dit…

Embryon de civilisation post-moderne - avertissement proscrïptif

Entendons nous bien, le but de cet avertissement n'est pas de juger des coupables, mais de dresser le mur de la condamnation.

Nos ancêtres ont été ce qu'ils furent. Il est utile de chercher à les entendre pour contribuer à une meilleure comprehension de ce que nous sommes aujourd'hui. Par contre, tomber dans les pièges d'une trop grande empathie à leur égard pourrait renforcer des liens en provenance d'une époque troublée dont nous ne maitrisons pas toutes les implications.


Pour le conseil proscrïptif
M & Mme Eckart